Département d’Etat des Etats-Unis
Kimberly Breier, secrétaire d’État adjointe, Bureau des affaires des Amériques
Allocution
Le 26 avril 2019
La nouvelle route de la Chine dans les Amériques : au-delà de la soie et de l’argent
Merci, Éric, et merci au Conseil de m’accueillir aujourd’hui. C’est un grand honneur pour moi d’être ici et de faire cette première allocution, comme l’a souligné Éric. C’est une conversation qui ne saurait tomber à un moment plus propice. Plus tôt ce mois-ci, j’ai accompagné le secrétaire Pompeo lors d’un voyage en Amérique du Sud, un voyage productif au Chili, au Paraguay, au Pérou et en Colombie, où il a réaffirmé notre partenariat avec ces pays et s’est concentré sur la façon de relever nos défis communs sur le continent.
Ce fut un voyage historique à bien des égards, la cinquième visite en Amérique latine du secrétaire Pompeo en moins d’un an dans ses fonctions, la première visite au Paraguay d’un secrétaire d’État en exercice depuis 1965, et cela reflète un moment unique en Amérique du Sud et dans les relations des États-Unis avec la région. Dans aucune autre partie du monde, nous n’avons le privilège de renforcer nos liens avec une région où les intérêts de nos partenaires sont si directement liés aux nôtres. En voyageant de Santiago à Asunción, de Lima à Cúcuta, à la frontière colombienne avec le Venezuela, j’ai ressenti, et je pense que nous avons tous ressenti, la synergie palpable entre les États-Unis et ces quatre solides partenaires sud-américains. Nous avons rencontré quatre chefs d’État et avec chacun d’eux, nous a trouvé un objectif commun. Nous voyons tous le continent américain comme un contient de liberté. « Les peuples des Amériques ont droit à la démocratie et leurs gouvernements ont pour obligation de la promouvoir et de la défendre. » Cette citation vient directement de la Charte démocratique interaméricaine, et nous travaillons avec ces partenaires et d’autres pour faire vivre ces mots, car nous savons tous que nos peuples méritent la démocratie et la possibilité de bâtir notre propre avenir prospère.
Nous avons pu voir en personne comment l’Alliance du Pacifique et ProSur concrétisent l’engagement de la région envers la transparence et les bonnes pratiques commerciales, un engagement qui favorisera la prospérité régionale, et comment le Chili, qui dirige l’APEC cette année, apporte cette vision d’engagement économique positif du continent américain à toute la région du Pacifique.
Nous avons découvert que nous partageons – absolument – un objectif commun, car ensemble nous faisons face à la destruction du Venezuela par Nicolás Maduro et travaillons ensemble pour aider le peuple vénézuélien à lutter contre la cohorte illégitime, corrompue et criminelle qui entoure Maduro et pour l’aider à restaurer la démocratie dans son pays. Nous partageons un objectif commun et nous faisons face aux terrifiantes crises humanitaires et régionales que Maduro a imposées au peuple vénézuélien et à presque tous les pays de notre continent.
Nous avons également constaté que nous partagions un objectif commun lorsque nous avons discuté du fléau de la corruption et de la manière dont le mépris de l’état de droit risque de saper les efforts de la région pour développer son économie et assurer la sécurité de ses citoyens.
Notre message pour le continent, le message du secrétaire d’État lors de ses récents voyages et lors de son discours à Santiago, et mon message pour vous aujourd’hui est que les États-Unis approfondissent leur engagement dans la région et se joignent au reste du continent pour créer un moteur pour la vitalité économique, l’innovation et la croissance.
Nos liens économiques avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes soutiennent les moyens de subsistance dans tout le continent et renforcent nos valeurs communes. Vous êtes nombreux à savoir que cette région abrite 12 des 20 pays avec lesquels les États-Unis ont conclu des accords de libre-échange.
Nous demeurons attachés à un modèle de développement économique axé sur le marché et mené par le secteur privé, et à la promotion de la prospérité et de la stabilité à long terme. Le gouvernement des États-Unis s’efforce de soutenir cette vision en utilisant des outils de politique économique qui relèvent d’une grande habileté, en partenariat avec des entreprises américaines.
Permettez-moi de donner quelques exemples de la façon dont nous soutenons cette vision.
L’an dernier, le président Trump a signé la loi BUILD Act, qui doublera le montant du financement du développement que nous offrons à travers le monde, pour le porter à 60 milliards de dollars. Nous prévoyons de tirer parti de ce financement sur les principaux marchés d’Amérique latine et des Caraïbes et de renforcer les liens entre les États-Unis et ces importants voisins.
Le programme « America Crece » ou « Growth in the Americas » du gouvernement vise à catalyser les investissements du secteur privé dans l’énergie et les infrastructures en Amérique latine et dans les Caraïbes. Depuis août 2018, nous avons signé des protocoles d’accord avec le Panama, le Chili, l’Argentine et la Jamaïque dans le cadre de cette initiative ; d’autres accords sont en préparation.
Rien de tout cela ne peut se faire dans le vide. Nos entreprises, beaucoup d’entre vous, sont prêtes à s’engager, mais elles ont besoin de règles du jeu équitables.
C’est la raison pour laquelle nous continuons d’insister pour que les entreprises américaines aient accès aux marchés et pour que le commerce soit équitable et réciproque. C’est la raison pour laquelle nous continuons d’exiger que tous les acteurs économiques exerçant leurs activités ici dans les Amériques adhèrent aux normes les plus élevées en matière de transparence, de lutte contre la corruption, de viabilité de la dette, de droits du travail et de protection de l’environnement. C’est la raison pour laquelle nous soutenons le renforcement des régimes juridiques et de l’état de droit, et que nous soutenons la gouvernance démocratique.
Cependant, nous savons que tout le monde ne joue pas selon les mêmes règles ou ne respecte pas les mêmes normes. Le secrétaire Pompeo a abordé ce défi lorsqu’il a déclaré sans équivoque que l’engagement économique de la Chine en Amérique latine et dans les Caraïbes a créé de nouveaux challenges ; et nous voulons nous assurer que nos partenaires prennent en considération les risques inhérents à des liens plus étroits avec la Chine. L’administration Trump fondera toujours son approche de la politique étrangère en ayant une vision claire de ce qui se passe réellement dans le monde.
Nous reconnaissons l’évidence : la Chine est, et restera, un partenaire commercial important pour les États-Unis et pour de nombreux autres pays de la région. Le président Trump s’est fixé comme priorité d’assurer un commerce équitable et réciproque avec la Chine, et nous avons vu que lorsque la Chine respecte les normes internationales, elle peut jouer un rôle important en aidant les pays à développer leur propre potentiel. Cependant, en Amérique latine et dans les Caraïbes, nous avons vu que la Chine s’écarte trop souvent de ces normes internationales et, lorsqu’elle le fait, ses pratiques opaques favorisent la corruption, érodent la bonne gouvernance et remettent en question la souveraineté des états.
Nous nous remettons tous difficilement de la corruption grossière ; nous comprenons comment elle vole l’argent dans les poches des contribuables, dénature les dépenses publiques, mine la confiance dans la politique et les institutions publiques, et nuit aux hommes et aux femmes déterminés à faire un travail honnête et à obtenir un résultat honnête pour leurs actions. Le Pérou a ouvert la voie en faisant de cela le message du Sommet des Amériques de l’an dernier. C’est un bon message. Alors que nous travaillons ensemble pour mettre un terme à la corruption dans les Amériques, nous devons nous prémunir de sorte qu’elle n’arrive pas par l’étranger.
Le gouvernement de la Chine et les entreprises chinoises ont adopté un comportement dans les Amériques qui ébranle la souveraineté et la sécurité nationale des États-Unis et de leurs partenaires démocratiques dans les Amériques.
Comme l’indique la Stratégie de sécurité nationale (SSN) du président : « Pendant des décennies, la politique américaine a puisé ses racines dans la conviction que le soutien à la montée en puissance de la Chine et à son intégration dans l’ordre international d’après-guerre libéraliserait la Chine. Contrairement à nos espoirs, la Chine a étendu son pouvoir au détriment de la souveraineté des autres. La Chine recueille et exploite des données à une échelle inégalée et diffuse les particularités de son système autoritaire, y compris la corruption et l’utilisation de la surveillance. »
Depuis que la Chine a adhéré à l’OMC en 2001, nous attendons qu’elle souscrive et suive les bonnes pratiques internationales qui étayent la bonne gouvernance, comme notre loi Foreign Corrupt Practices Act. Ce sont des règles que de nombreuses entreprises et de nombreux entrepreneurs d’Amérique latine, indépendamment de leur part de marché et de leur taille, s’efforcent de prendre pour exemple.
À maintes reprises, la Chine n’a pas répondu à ces attentes. La Chine empêche d’autres pays d’accéder à ses marchés, alors même qu’elle cherche à se développer dans des pays du monde entier. Le gouvernement chinois oblige les entreprises étrangères qui veulent exercer leurs activités en Chine à partager des informations exclusives et à transférer des technologies.
Les entreprises chinoises volent la propriété intellectuelle. Notre département de la Justice a récemment révélé des exemples de ce comportement, notamment à travers le cas d’employés de Huawei qui ont volé des renseignements exclusifs à un important fournisseur de télécommunications américain.
Ce comportement persiste dans la région, alors même que le travail assidu et les recherches des personnes dans notre pays et tout le continent sont volés, copiés et utilisés de manière frauduleuse. Les États-Unis demandent à leurs partenaires des Amériques de demander des comptes à la Chine et à d’autres, mais aussi de ne pas laisser la Chine jouer selon ses propres règles.
Sinon, ce serait comme si vous participiez à un match de football et que vous restiez les bras ballants pendant que l’arbitre ne sort que des cartons jaunes et rouges contre votre équipe, et que dans le même temps vous regardiez l’adversaire tacler l’un après l’autre vos joueurs vedettes.
Le gouvernement chinois abuse des procédures juridiques régulières. Comme si cela ne suffisait pas de voler la propriété intellectuelle, lorsque les États-Unis ont tenté de demander des comptes aux auteurs de ces crimes et qu’ils ont délivré un mandat international dans le cas de Mme Meng, la Chine a réagi en tournant en dérision le droit international et le droit à une procédure régulière. Après que le Canada eut détenu Mme Meng en vertu d’un mandat, la Chine a réagi en procédant à l’arrestation arbitraire de deux citoyens canadiens et en condamnant, dans le cadre d’une nouvelle peine, un troisième homme à mort pour un crime lié à la drogue. De plus, elle a cherché à nuire à l’économie canadienne en limitant les importations agricoles, le tout dans le but de forcer le Canada à libérer Mme Meng. La communauté internationale ne peut céder à de telles manipulations, où la Chine use de représailles contre des mesures légitimes d’application de la loi en arrêtant et en poursuivant arbitrairement nos citoyens. Ça aurait l’air d’un mauvais scénario de film, si ce n’était pas complètement vrai. Les États-Unis ont promis et veilleront à ce que Mme Meng bénéficie d’une procédure régulière et de tous les droits en vertu de nos lois.
Alors que nous nous tournons vers une économie mondiale de plus en plus numérique et interconnectée, les tentatives d’exploiter des marchés économiques ouverts pour transférer illégalement des technologies, de recueillir des données à une ampleur inédite à des fins d’exploitation et coercitives, ou d’exporter l’utilisation invasive des technologies de surveillance pour réprimer les droits de l’homme constituent une menace existentielle pour les libertés et pour nos sociétés.
Nos économies dépendent de la connectivité et de l’Internet à haute vitesse, ainsi que du traitement inégalé de vastes volumes de données. Avec cette économie numérique, le gouvernement s’est penché de très près sur la prochaine génération de technologies en mettant l’accent sur la sécurité nationale.
Étant donné la nature transformationnelle de la technologie 5G, les décisions d’achat et de déploiement prises aujourd’hui auront un impact générationnel sur la sécurité nationale, sur nos économies et sur nos sociétés. C’est pourquoi nous encourageons nos partenaires, sur ce continent et à l’échelle mondiale, à ne pas s’engager en faveur d’un système ou d’un fournisseur en particulier tant qu’ils ne seront pas en mesure de comparer les avantages des technologies disponibles et d’en dégager les différences, et de prendre entièrement en compte la sécurité et la sécurité nationale dans leurs décisions d’achat. Les États-Unis cherchent à promouvoir un écosystème mondial 5G qui soutient nos intérêts et valeurs communs. Notre administration n’est pas seule dans cette démarche.
L’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon et la République tchèque ont intégré ces problématiques de sécurité nationale lors de l’élaboration de règlements visant à protéger l’intégrité de leurs réseaux de télécommunications et de leurs infrastructures essentielles. Notre proche allié, le Canada, procède actuellement à un solide examen de sécurité de la 5G. Je sais que plusieurs de nos partenaires en Amérique latine envisagent également de mettre en œuvre des règlements ou des processus d’examen similaires dans leurs pratiques d’achat et d’étude des investissements étrangers directs. Nous applaudissons cette mesure et les États-Unis sont prêts à apporter leur aide.
Le point de vue de la Chine sur le contrôle exercé par le gouvernement sur les réseaux et la circulation de l’information est très différent des traditions ouvertes et démocratiques des États-Unis et de la plupart des pays des Amériques, y compris en matière de promotion et de défense de la liberté d’expression et des droits de l’homme.
Nous sommes très préoccupés par les relations étroites qui existent entre les services de renseignement chinois et les entreprises chinoises. Lorsqu’on examine la loi chinoise sur le renseignement national, elle stipule que « toute organisation ou tout citoyen doit soutenir, aider et coopérer au travail de renseignement de l’état conformément à la loi, et doit préserver le secret de toute connaissance relative au travail de renseignement national. »
Permettez-moi de réitérer ce point. La loi chinoise sur le renseignement national impose à toute entreprise chinoise de coopérer avec les services de renseignement chinois. Sans aucun des freins et contrepoids dont disposent les pays comme le nôtre : des tribunaux indépendants, des partis d’opposition, une presse libre. Cela signifie que toute donnée transitant par la Chine ou traitée par une société chinoise est potentiellement à la disposition du gouvernement chinois, en vertu de la loi, dans le plus grand secret et sans aucune limitation juridique quant à sa collecte ou son utilisation ultérieure.
Les citoyens vivant dans les démocraties du continent américain pourraient potentiellement avoir l’ensemble de leur identité numérique sous le contrôle et la surveillance d’un gouvernement autoritaire. Par exemple, lorsque les villes achètent des systèmes de télévision en circuit fermé et des outils de surveillance pour améliorer les transports et la sécurité, comme dans le cadre de l’initiative Smart Cities de la Chine, ces informations sont potentiellement disponibles pour le gouvernement chinois. Les autres gouvernements qui s’appuient sur ces mêmes technologies assorties de tant de conditions doivent reconsidérer s’ils veulent que les entreprises chinoises et, en fait, le gouvernement chinois reproduisent certaines de ces mêmes pratiques et, ce faisant, érodent la protection des droits de l’homme dans les Amériques et cèdent la souveraineté nationale.
Contrairement à la manipulation systématique des données et du trafic Internet par la Chine à des fins étatiques, les États-Unis soutiennent et défendent le modèle de gouvernance de l’Internet impliquant plusieurs parties prenantes contre les tentatives, par n’importe quelle nation, de développer des modèles de gouvernance centrés sur l’état.
De même, le financement du développement ne doit pas se traduire par une dette insoutenable. Beijing utilise la diplomatie de la dette pour créer des dépendances, qui peuvent sembler négligeables aujourd’hui, mais qui finiront par constituer un levier très réel sur les gouvernements et les sociétés et finiront par poser un problème à la souveraineté des états. Nous avons vu dans d’autres régions du monde la Chine lancer des initiatives visant à créer des alternatives aux modèles occidentaux de développement et de gouvernance.
Dans les Amériques, nous attendons, et nous devrions exiger, que les projets de développement des infrastructures comportent des processus d’achat transparents, fassent respecter les mesures de protection environnementales et sociales, et favorisent une croissance inclusive conforme aux normes élevées des institutions financières internationales.
En tant que continent à économie majoritairement ouverte et à libre entreprise menée par le secteur privé, il est important de se rappeler que la Chine ne fonctionne pas de cette façon.
Le gouvernement est propriétaire de bon nombre des plus grandes sociétés et des plus grands groupes d’investissement chinois. Même de nombreuses entreprises privées chinoises s’alignent généralement sur les priorités de l’état parce qu’elles sont tenues de se conformer aux politiques industrielles et aux lois nationales qui les incitent à poursuivre des objectifs de politique industrielle définis par l’État. Le gouvernement de la Chine et les entreprises chinoises fonctionnent simplement selon des normes et une idéologie fondamentalement différentes de celles des Amériques.
Lorsqu’une entreprise américaine se présente à l’étranger, les gouvernements savent que la loi Foreign Corrupt Practices Act les lie. Ils ne se présentent pas avec des sacs d’argent liquide et de fausses promesses de projets d’infrastructure massifs réalisés au rabais. Nos tribunaux tiendraient les contrevenants responsables de tels actes. Nous avons des institutions fortes, des arbitres forts et une société civile qui tient les fonctionnaires et le secteur privé responsables.
Les entreprises chinoises n’adhèrent tout simplement pas aux mêmes normes de comportement.
Vous l’avez bien vu au barrage de Coca Codo Sinclair, dans la jungle équatorienne. Construit par une société détenue par l’État chinois, le barrage était censé répondre aux besoins énergétiques de l’Équateur.
Le barrage fonctionne maintenant à la moitié de sa capacité. Le projet comprenait des prêts du gouvernement chinois. La Chine a également reçu 80 pour cent du pétrole de l’Équateur au rabais, puis l’a revendu à profit.
Presque tous les hauts fonctionnaires équatoriens impliqués dans la construction du barrage sont emprisonnés ou condamnés par les tribunaux équatoriens pour corruption. L’Équateur cherche maintenant de l’aide pour rembourser ou racheter la dette chinoise.
Nous saluons l’action rapide du gouvernement du président Moreno pour traduire en justice les responsables qui se sont enrichis au détriment du peuple. Nous espérons que d’autres s’inspireront de cet exemple pour lutter contre la corruption et l’impunité.
Je ne serais pas exhaustive si je ne mentionnais pas le Venezuela, en particulier la façon dont les pratiques de la Chine se déroulent dans ce pays. Le Venezuela continue de faire face à une immense crise humanitaire causée par des années de corruption et de mauvaise gestion de l’ancien régime de Maduro.
Les États-Unis et nos partenaires régionaux, y compris l’Organisation des États américains et le Groupe de Lima, ont exprimé leur solidarité avec le président par intérim Juan Guaidó, l’Assemblée nationale et le peuple vénézuélien. Au total, 54 pays dans le monde soutiennent Juan Guaidó et une transition démocratique au Venezuela.
Pourtant, la Chine continue de soutenir Nicolás Maduro, en dépit de son échec total à assurer le bien-être du peuple vénézuélien.
La Chine est l’un des principaux créanciers étrangers du Venezuela. On estime qu’elle a accordé au Venezuela plus de 60 milliards de dollars en prêts depuis 2007, au mépris du contrôle de l’Assemblée nationale du Venezuela. La Chine a accordé ces prêts dans le but d’accéder aux ressources pétrolières et aux contrats de construction.
Le Venezuela a été contraint de rembourser une grande partie de ces prêts sous forme d’expéditions en nature de pétrole, ce qui a aggravé la crise de sa production et limité les ressources disponibles pour aider le peuple vénézuélien à se sortir de la catastrophe économique actuelle, provoquée par le gouvernement.
Les entreprises chinoises soutiennent Maduro d’autres manières subtilement pernicieuses. Selon les médias, le géant chinois des télécommunications ZTE a aidé le régime Maduro à développer une base de données et à créer un système de paiement mobile pour servir de carte d’électeur. La « carte de la patrie » est devenue pour Maduro un outil pour surveiller les citoyens et allouer de rares ressources à ses loyalistes.
La carte de la patrie illustre comment la Chine exporte un savoir-faire technologique qui peut aider les gouvernements autoritaires à suivre, récompenser et punir les citoyens grâce à un système de surveillance numérique. L’utilisation d’une seule carte d’identité au Venezuela comme outil de contrôle et de répression est similaire à la répression intensifiée exercée par le Parti communiste contre les minorités ethniques et religieuses, y compris les Ouïgours dans la province du Xinjiang, en Chine. Depuis avril 2017, un million de musulmans et de minorités ethniques ont été détenus dans des camps d’internement. Le Parti communiste a fait preuve d’une hostilité extrême à l’égard de toutes les confessions religieuses depuis sa fondation. Nous avons reçu des rapports faisant état de morts et des allégations de torture dans ces camps. Avec l’utilisation omniprésente et arbitraire par la Chine de systèmes de surveillance intrusifs de haute technologie, la collecte de données biologiques et l’augmentation du nombre de membres du personnel de sécurité intégrés dans la région, le Parti communiste a clairement fait du Xinjiang un « état policier » Nous continuerons d’attirer l’attention sur ceux qui commettent des violations des droits de l’homme et d’exiger qu’ils répondent de leurs actes.
Tout en vantant la « non-intervention », la Chine est intervenue hypocritement en soutenant les pratiques commerciales corrompues et le copinage au Venezuela, précipitant et prolongeant la souffrance du peuple vénézuélien. Alors même que le peuple vénézuélien exige des changements, alors même que le Groupe de Lima condamne l’ingérence chinoise au Venezuela, la Chine soutient Maduro et sa brutale bande de voyous. Les prêts chinois ont contribué à détruire ce qui était autrefois l’un des plus grands succès économiques de la région. Cela devrait nous servir de leçon puissante sur le pouvoir corrosif des prêts dits « inconditionnels » de la Chine.
Pour conclure, je voudrais souligner que tous les projets d’investissement chinois ne sont pas malveillants ou ne se font pas au détriment de la souveraineté. Si les entreprises chinoises exerçaient leurs activités en faisant jeu égal avec les entreprises étrangères en Chine ou, sur le plan international, en respectant les règles, en respectant les normes environnementales et les normes du travail, en évitant les prêts prédateurs et en assurant une plus grande (et non pas une moindre) stabilité, nous, et je pense les Amériques, serions favorables à une concurrence équitable avec la Chine. Une simple promesse de « développement de haute qualité » ne suffira pas alors que les résultats de la Chine sont si peu reluisants.
Je veux terminer aujourd’hui en vous donnant un exemple positif de la façon dont la région s’unit pour promouvoir des objectifs communs de prospérité économique et de bonne gouvernance, de la façon dont les Amériques ont indiqué que cette région établira ses propres règles et dirigera son propre avenir.
Le mois dernier, il y a eu deux votes importants à la Banque interaméricaine de développement : l’un pour reconnaître le représentant du gouvernement du Venezuela Juan Guaidó et l’autre pour insister sur le droit de ce représentant à participer librement à leur assemblée annuelle.
Nous avons vu des partenaires régionaux et internationaux se mobiliser pour appuyer les normes démocratiques internationales et la participation du représentant de Guaidó. Au lieu de travailler en consensus avec les membres de la BID, la Chine a refusé de reconnaître le représentant de Guaidó. En réponse, la région s’est réunie et a annulé la réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de la Banque interaméricaine de développement qui devait se tenir à Chengdu, en Chine.
Heureusement, nous tiendrons la prochaine réunion annuelle de la BID ici dans les Amériques, à Guayaquil, en Équateur, cet été. Nous soutenons les efforts déployés par nos partenaires du continent pour veiller sur leurs intérêts économiques à long terme.
Chaque gouvernement de la région a le droit de prendre des décisions concernant sa propre prospérité économique en tant que nation souveraine. Et ils ont des décisions à prendre quant aux climats d’investissement qu’ils cherchent à favoriser et à la force qu’ils souhaitent insuffler à leurs institutions démocratiques. C’est à eux de prendre ces décisions, sans ingérence étrangère malveillante.
Notre vision positive est de forger et de renforcer des partenariats qui s’appuient sur nos valeurs et nos objectifs communs, rendant notre région plus prospère, plus sûre et plus démocratique. Nous pouvons et devons tirer parti de cette dynamique positive pour faire croître nos économies et relever ensemble les défis régionaux et mondiaux.
Je vous remercie.