Allocution du secrétaire d’État Rex Tillerson lors d’un point de presse avec la ministre des Affaires étrangères du Canada

Département d’État des États-Unis
Bureau du porte-parole
Le 19 décembre 2017
Ottawa (Canada)
EXTRAITS

(…)

LE SECRÉTAIRE TILLERSON : Merci beaucoup, Chrystia, Mme la Ministre des Affaires étrangères Freeland, pour vos paroles aimables et votre accueil au Canada. Comme je l’ai indiqué, je me suis engagé à venir au Canada durant ma première année en tant que secrétaire d’État et donc me voilà. Je suis ravi d’être à Ottawa. Évidemment, ce n’est pas la première fois que je viens au Canada, mais c’est mon premier voyage ici en tant que secrétaire d’État.

Autre fait révélateur de l’importance de cette relation : lors de ma première semaine comme secrétaire d’État, je pense que l’une de mes toutes premières rencontres, si ce n’est la première rencontre avec un visiteur étranger, fut  avec la ministre des Affaires étrangères Mme Freeland. Et je pense que c’est non seulement symbolique, mais aussi indicatif de l’importance de ce partenariat de longue date. Du maintien d’une relation commerciale solide à la lutte contre le terrorisme, en passant par la coopération sur un certain nombre de menaces dans le monde, y compris la Corée du Nord, mentionnée à l’instant, les États-Unis et le Canada partagent une mission et un objectif communs très étroits dans leur manière de faire face à ces questions.

Nos pays bénéficient des relations économiques les plus étendues qui soient dans le monde et il existe un certain nombre de possibilités de développement de cette relation -d’importantes possibilités- et de miser sur les points forts de nos deux pays dans les années à venir. Je pense que chacun sait que, chaque jour, près de 400 000 personnes traversent cette frontière commune et que près de 2 milliards de dollars de biens et services transitent par notre frontière commune, témoignages réels des liens économiques forts qui unissent nos peuples.

Le Canada est également un marché étranger extrêmement important pour les produits américains. Des millions d’emplois dans nos deux pays dépendent de notre partenariat.

Nous sommes également déterminés à continuer de progresser vers un accord modernisé de l’ALENA, un accord qui protège les emplois et stimule la prospérité économique de nos deux pays et qui soit équitable pour les deux parties.

Le partenariat entre le Canada et les États-Unis en matière de sécurité est l’un des plus forts et fiables qui soient. Et nous avons eu l’honneur, très tôt, de rencontrer la ministre des Affaires étrangères, Mme Freeland et le ministre de la Défense, M. Sajjan, au département d’État, aux côtés du secrétaire Mattis, pour des échanges très complets sur la manière dont nous pourrions renforcer notre relation dans le domaine de la sécurité.

Nous apprécions les contributions importantes du Canada à la coalition contre Daech, leur… que ce soit leur aide militaire ou humanitaire pour répondre aux besoins de cette région où le conflit  dure depuis un certain temps. Le Canada s’est engagé à verser des millions de dollars en aide humanitaire, cette aide étant très importante pour soulager les souffrances des personnes finalement libérées des griffes de Daech.

Nos deux pays demeurent également solidaires de l’OTAN et nous saluons la décision du Canada d’envoyer des troupes et un bataillon de tête en Lettonie, cela souligne l’engagement du Canada envers la force de l’alliance en Europe et de l’OTAN. Le soutien fort du Canada à la souveraineté ukrainienne et au maintien de son territoire est très semblable à celui des États‑Unis et nous avons beaucoup échangé sur la manière de faire progresser les pourparlers en Ukraine, afin que celle-ci retrouve sa pleine souveraineté face à l’agression russe.

Et bien sûr, le NORAD, qui, comme certains d’entre vous le savent, célébrera son 60e anniversaire l’an prochain. Les forces américaines et canadiennes protègent et défendent toute l’Amérique du Nord. Nous avons discuté de la réunion ministérielle de Vancouver qui aura lieu le mois prochain et je salue la volonté de Mme la ministre d’organiser conjointement cet événement alors que nous continuons à trouver des moyens de promouvoir la campagne de pression contre la Corée du Nord et de lui envoyer un message unifié de la part de la communauté internationale disant que nous n’acceptons pas qu’elle soit une nation nucléaire, une nation d’armes nucléaires et que nous partageons tous une politique et un objectif, à savoir la dénucléarisation totale, complète et vérifiable de la péninsule coréenne. Et cela a été exprimé, je crois, lors de la réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l’ONU vendredi dernier.

Nous sommes vraiment reconnaissants de la relation que Chrystia et nos équipes ont développée au cours de l’année écoulée. Je ne compte plus le nombre de réunions que nous avons eues tous les deux de par le monde alors que nous nous trouvions au même endroit, mais nous ne manquons jamais l’occasion de nous voir et de poursuivre des échanges très actifs sur un certain nombre de questions communes importantes pour nous tous.

À tous les Canadiens, je l’ai déjà dit, mais jamais depuis Ottawa : joyeux 150e anniversaire. Et au nom du peuple des États-Unis, nous vous souhaitons des fêtes de fin d’année paisibles et une nouvelle année des plus prospères. Merci.

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QUESTION : Mme la ministre Freeland et M. le secrétaire Tillerson, Warren Strobel, pour Reuters. Ravi de vous voir. Je voulais en savoir un peu plus sur cette réunion ministérielle à Vancouver. En dehors d’une manifestation de solidarité, qu’espérez-vous accomplir ? Le programme d’armement nord-coréen est une chose qui s’aggrave depuis une trentaine d’années. Qu’espérez-vous réaliser exactement ?

Et deuxièmement, vous avez tous deux demandé de différentes manières, plutôt déclaré, que la diplomatie devait être une option avec la Corée du Nord. Avez-vous vu, de la part de la Corée du Nord, un signe que…en public ou en privé, qu’elle semble intéressée par la diplomatie ? Je vous remercie.

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LE SECRÉTAIRE TILLERSON : D’accord. Eh bien, en ce qui concerne la convocation de ce que nous appelons le groupe de Vancouver à la mi-janvier, il s’agit d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de différents pays qui ont été impliqués dans le conflit coréen d’origine. Mais nous incluons aussi évidemment d’autres parties importantes, la république de Corée, le Japon, l’Inde, la Suède et d’autres, pour qui, à notre sens, il est important de pouvoir participer à cette réunion.

Ce dont nous discuterons sera, d’abord, de la manière dont nous… de la manière dont nous pouvons améliorer l’efficacité de la campagne de pression actuelle. Y a-t-il d’autres mesures qui pourraient être prises pour exercer des pressions supplémentaires sur le régime de Corée du Nord et de quelle manière pouvons-nous poursuivre nos efforts diplomatiques ? Et ensuite, comment nous préparer aux perspectives de discussion ? Je pense qu’il est important de rappeler à tout un chacun que la raison d’être de la campagne de pression et que la raison pour laquelle le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté deux très fortes résolutions à l’unanimité, est la tenue de pourparlers. La campagne de pression est censée mener à des pourparlers.

Maintenant, nous ne pouvons entamer ces pourparlers que si la Corée du Nord est prête à parler. Et je pense que, comme nous l’avons dit, nous attendons de sa part qu’elle indique sa disposition à parler. Mais ce qui est bon à retenir en ce qui concerne la Corée du Nord est que cette campagne de pression ne va pas faiblir. Nous ne reculerons sur rien. Elle ne fera que s’intensifier avec le temps. Et elle restera en place jusqu’à ce que la Corée accepte d’abandonner ses armes nucléaires et nous permette de vérifier qu’elle a bel et bien fait.

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QUESTION : Bonjour. Merci beaucoup de répondre à nos questions. J’ai une question pour chacun de vous deux.

Je commencerai par le secrétaire Tillerson : la Maison-Blanche a rejeté les appels à la reprise des négociations diplomatiques avec la Corée du Nord. Donc, si la diplomatie n’est pas sur la table à la Maison-Blanche, de quoi êtes-vous venus parler ici au Canada et quel rôle voyez-vous le Canada jouer dans ce dossier ?

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LE SECRÉTAIRE TILLERSON : Eh bien, la position de la Maison-Blanche sur les pourparlers… elle n’a pas rejeté les pourparlers diplomatiques. Ce que la Maison-Blanche a simplement vu, c’est que la Corée du Nord n’a pas manifesté de volonté de parler. Mais la position de la Maison-Blanche et la politique du président ont toujours été, et j’en reviens à la raison pour laquelle la campagne de pression existe, et cette campagne de pression et de sanctions diplomatiques est la politique du président. C’est la politique qui ressort du Conseil de sécurité nationale et qui prévoit que nous mettions en place un régime de sanctions sans précédent et c’est ce que nous avons aujourd’hui : un système qui implique toute la communauté internationale et qui va au-delà de… de ce que demande le Conseil de sécurité de l’ONU, mais les pays qui prennent des mesures unilatérales pour faire savoir à la Corée du Nord que nous n’acceptons pas le développement de son programme d’armement nucléaire. Tout cela a toujours été destiné à mener à des pourparlers. Sinon, nous n’aurions pas besoin de faire cela ; nous aurions directement recours à l’option militaire. Je pense donc que la position de la Maison-Blanche est très claire. La Maison-Blanche soutient les pourparlers diplomatiques. Le constat qui est fait, avec lequel je suis d’ailleurs d’accord, c’est que nous attendons que la Corée du Nord parvienne à cette conclusion. Et jusqu’à ce que ce soit le cas, la campagne de pression ne fera que s’intensifier.

QUESTION : Monsieur le Secrétaire. Concernant la Corée du Nord, est-ce que les États-Unis envisagent d’arrêter les exercices militaires conjoints avant les Jeux olympiques, comme l’a récemment suggéré le président sud-coréen dans une interview ?

Et à vous deux, les États-Unis et le Canada partagent la conclusion selon laquelle la Corée du Nord est à l’origine de la récente cyberattaque « WannaCry ». Qu’est-ce que les deux pays envisagent de faire pour punir la Corée du Nord pour son… pour la cyber-attaque et que ferez-vous pour empêcher une attaque similaire à l’avenir ?

LE SECRÉTAIRE TILLERSON : Il n’a pas été porté à ma connaissance que nous avions prévu de modifier en aucune manière des exercices militaires prévus depuis longtemps et conduits depuis de nombreuses années de manière régulière avec nos partenaires en Corée du Sud – en république de Corée- ou au Japon. Ces exercices se font depuis de nombreuses années. Ils sont effectués de manière régulière. Nous les avons annoncés à l’avance. Il n’y a pas… ils n’ont rien de surprenant et aucun changement n’a été porté à ma connaissance… Je n’ai connaissance d’aucun changement prévu de ce qui figure au calendrier.

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QUESTION : Bon, alors vous avez discuté de l’ALENA avec la ministre Freeland. Nous voulons savoir si des progrès ont été faits. Et on a l’impression au Canada, ou peut-être seulement les médias canadiens, que les Américains ne veulent pas vraiment renégocier l’ALENA. Alors voulez-vous essayer de nous prouver le contraire ?

LE SECRÉTAIRE TILLERSON : Eh bien, le sujet de l’ALENA a évidemment fait partie de toutes les discussions d’aujourd’hui et de toutes les réunions que j’ai eues, comme il se doit, car c’est une question extrêmement importante pour nos deux pays. Je ne suis pas directement engagé dans les négociations de l’ALENA. Elles sont effectuées par le représentant des États‑Unis au commerce extérieur, M. Lighthizer.

Cela étant dit, nous avons eu un échange sur l’importance de notre relation commerciale. Encore une fois, nous avons commenté quelques chiffres. C’est une relation commerciale qui est importante pour des millions d’emplois américains et tout aussi importante pour des millions d’emplois au Canada. Et c’est un effort de modernisation de l’accord qui existe depuis maintenant plus de trente ans ; nous avons parlé de la manière dont d’autres événements dans le monde et d’autres relations commerciales dans le monde ont émergé au cours des 30 dernières années et qui ont un impact sur les performances de l’ALENA. Certains de ces impacts proviennent d’autres tierces parties engagées dans des échanges commerciaux avec chacune de nos nations et c’est donc le moment opportun de réexaminer cet accord, de le mettre à jour et de le moderniser pour qu’il reflète les équilibres commerciaux mondiaux actuels.

Cela dit, c’est…comme le dit le vieil adage, « tout est dans les détails ». Et les parties sont maintenant impliquées dans les détails de ces négociations et je sais que les deux parties abordent les négociations de bonne foi et qu’elles s’efforcent de conclure un accord de l’ALENA modernisé. Je pense que les semaines à venir seront très importantes pour ces discussions, mon rôle au département d’État est de soutenir un résultat positif et de faire en sorte que les parties prennent en considération tous les aspects dans le contexte plus large des questions commerciales spécifiques qu’elles sont toutes deux en train de négocier. Je vous remercie.

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Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.